mercredi 7 décembre 2011

Le regard pensif


Mon frère Hé, chauffeur de tuk tuk de son état, qui sera aussi son état dans la fiction Tuk tuk. Le voyage en minibus Hyundai, 12 places, départ lundi 6 décembre à 9h du matin, a coûté une journée de patience et de contorsions, et ce bien avant de nous engager sur les premières pentes. Nous avons fait halte au couchant dans la seule guesthouse qui restait avant d'arriver à Luang Prabang, distante encore de 140 kilomètres, valeur à convertir en durée de voyage pour mieux se rendre compte de la performance et du sentiment d'urgence d'atteindre cette étape avant la nuit : cinq heures. Depuis Vientiane, nous avions parcouru moins de trois cents kilomètres. Durant ce trajet, si nous nous étions arrêtés chaque fois qu'il y avait quelque chose de beau à voir, nous aurions sans doute abandonné toute velléité de faire des repérages pour un film.

Le Laotien est pensif, c'est son état naturel. Tout le pays est possédé, plus qu'il ne le possède, par ce caractère qui surprend les voyageurs venus de loin. Et je situe ce lointain déjà dans les pays alentour. J'étais donc pensif, et cette pensivité préservée depuis la prime enfance est une des choses que l'exil en France n'a pas altéré. A quoi penses-tu ? La réponse est : je ne pense pas à quelque chose, je suis dans cet infini d'intimité qu'on appelle la pensée. De là, peut-être, que les regards se croisent si peu dans ce pays.

Dans ce peu là, je trouverai mon film dont le scénario a été écrit en France. Et entièrement réadapté au fur et à mesure que nous progressons dans les repérages.


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