vendredi 11 novembre 2011

Les enfants d'Albator


Tous les détails ont leur importance, alors le clin d’œil Aaron, même s'il est un clin de pied, nourrit aussi la fiction de notre voyage. On le voit ici s'affairant à monter l'installation du matériel de projection dans le foyer de Valleraugues où la Caravane Cévennes s'est posée, le temps d'une tirade épique : Alpini, Lettre à la prison, Ici finit l'exil. La veille, il montrait son film, Flacky et camarades, dans toute la splendeur de sa copie 35 millimètres. Ce que disent les chaussures d'Aaron, c'est donc que nous serons des pirates sur les routes de terre du Laos, et si nos tuk tuk devaient être des frêles esquifs, nous n'en aurons pas moins l'esprit apatride des enfants d'Albator.

La veille de la veille, j'étais à Marseille, rencontrant en chair et en os Mélanie, directrice de production du projet Tuk tuk. Nous étions en train de peser le pour et le contre d'un changement de cap à 180°de notre voyage évoqué dans notre conversation via la messagerie instantanée de facebook (cf. l'art du scénario), quand mon téléphone sonne. C'est ma soeur Phoutseng qui vit dans une ville au sud de Lyon. Elle me dit : "J'ai parlé avec petite sœur Pok au téléphone, elle dit que tu n'as pas à t'inquiéter, elle a trouvé un chauffeur, il boit moins que petit frère Hé ! Deuxième bonne nouvelle, tu pourras aller à Luang Prabang. Tu pourras prendre la voiture de Pok, et sur place, on a de la famille qui peut vous héberger. Allez, c'est bien comme ça, au revoir !"

Voilà les pirates bien aidés par leurs sœurs ! Au Laos et en France, toute la famille s'active pour répondre à nos besoins. Nous avions tant rêvé le voyage vers le nord qu'il était impossible de le remplacer par un voyage vers le sud. Cela ne changeait rien au scénario : nous pouvions filmer le même voyage en tuk tuk avec l'urne du père embarquée, avec les mêmes rencontres au fil du chemin, mais le film en était radicalement changé dans sa forme. Car en mettant le cap au sud, on se laissait couler comme le fleuve vers d'autres mythologies, celle des Khmères, celle des plaines irriguées par le Mékong à l'approche de la mer et celle des livres de Marguerite Duras, portée par des noms infinis : Savannakhet, Paksé, le lac Tonlé Sap, Angkor... Ce voyage-là, nous le ferons une autre fois. Pour cette fois, nous gardons le cap au nord. Et nous ne connaissons pas de fleuve, quand bien même nommé Mékong, qui se laisse couler vers le sommets.

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